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    La phobie

    Vous vous retrouvez maintenant au beau milieu d’une classe, entouré d’élèves du même âge que votre enfant. Ceux-ci ne semblent pas remarquer votre différence d’âge, y compris l’enseignante qui n’en fait aucun cas. Celle-ci est plus jeune que vous, ça vous fait étrange…

    C’est l’heure des présentations orales. Vos camarades viennent tour à tour présenter un animal qu’ils aiment. Des chats, des chiens, des bélugas. Puis, c’est au tour de Mathieu. L’air de jouer au plus fin, il commence sa présentation en affichant une image : huit pattes, autant d’yeux, et une silhouette que vous reconnaissez immédiatement.
    « Mon animal préféré, c’est la tarentule », s’exclame Mathieu avec un large sourire.

    Aussitôt, vous entendez un son strident, terrifiant, provenant de quelque part juste derrière vous. Vous vous retournez pour apercevoir un immense pachyderme, un éléphant habillé comme un écolier, qui semble vouloir se dissimuler derrière votre chaise. Sans succès; il est bien trop gros pour se cacher où que ce soit dans la classe. D’ailleurs, il vous semble bien étrange que personne, hormis vous, ne semble le voir… puisque l’animal est tout sauf discret!

    Vous êtes tout aussi intrigué par le fait que votre nouveau compagnon semble totalement terrifié! Mais de quoi donc! Il n’y a pourtant rien ici qui puisse poser un risque pour quelqu’un d’aussi large que lui! C’est alors que vous tournez le regard vers l’avant et que vous voyez l’image de la tarentule au tableau… énorme! Bien plus grande que l’éléphant, plus grande que le tableau, plus grande que la classe au complet! Elle semble prête à bondir hors de l’image et vous attaquer. L’éléphant pousse un autre barrissement de terreur. Se faisant, il émet une espèce de vapeur violette qui se joint à l’image de l’araignée et amplifie encore l’aspect terrifiant de l’arachnide. Vous vous tournez vers l’éléphant, l’implorant d’arrêter d’angoisser!

    Vous entendez un rire. La classe vous fixe. Mathieu, toujours dans sa présentation, prend une seconde pour dire que c’est « juste une image ». Et pourtant, image ou pas, il vous semble que le danger est bien réel! Amusés, certains de vos camarades de classe miment des tarentules avec leurs doigts et mêmes ces imitations ridicules, amplifiées par les vapeurs, vous semblent effrayantes. Vous essayez tant bien que mal de chasser toute idée se rapportant aux araignées… mais l’image semble résister à votre volonté! Vous tentez de chantonner des comptines de votre enfance, de marmonner avec conviction : « ça va bien aller! », de respirer à répétition mais la frayeur est telle que vous ne parvenez plus à écouter, ni à vous concentrer. Vous n’avez qu’une idée en tête: sortir de la classe!

    Mathieu termine enfin sa présentation. Malgré la qualité de son exposé, il semble que pour le reste de la classe, vous ayez été un spectacle bien plus captivant!

    Soudain on cogne à la porte et vous voyez entrer l’infirmière qui vient avertir le groupe qu’un vaccin sera donné la semaine prochaine. A-t-elle bien prononcé le mot « piqûre »? Il n’en faut pas plus pour que l’éléphant s’agrippe à nouveau à votre chaise, barrisse tout en laissant s’échapper une fois de plus la vapeur d’effroi qui envahit bien vite l’entièreté de la classe. Lorsqu’elle se dissipe un peu, l’infirmière apparaît désormais énorme et monstrueuse, tenant une seringue aussi grande que votre bras. Vous détournez le regard. Vous savez pourtant bien que l’infirmière n’est pas un monstre, mais c’est plus fort que vous, dès que vous la regardez, vous êtes totalement paniqué!

    La classe rit de nouveau. Décidément, il semble que votre éléphantesque compagnon ne vous laissera pas vivre tranquillement.

    En savoir plus

    Description des phobies

    Bien que la peur ne soit jamais plaisante à vivre, elle joue un rôle tout à fait essentiel pour notre survie. Cette émotion pousse l’humain à réagir en cas de possible de danger et elle est normale et même souhaitable en cours de développement. Pour certaines périodes clés de l’enfance, il est fréquent de rencontrer des peurs qui sont partagées par bon nombre d’enfants d’un même âge. Ainsi, à partir d’environ 8 mois de vie, l’angoisse de séparation peut survenir. Le bébé commence à se rendre compte quand ses parents ne sont pas près de lui et à reconnaître des situations qui sortent de sa routine. Cette angoisse finit par s’atténuer chez le nourrisson à mesure qu’il apprend à faire confiance aux inconnus. Ensuite, le jeune enfant développe certaines peurs parce qu’il lui est difficile de discerner ce qui est inventé de la réalité. Ainsi, on peut voir apparaître la peur du noir ou des monstres due à son imagination importante. Il faut se rappeler que la peur provient souvent d’une situation qui a un certain degré d’inconnu. Par exemple, il n’est pas rare de voir un jeune enfant pleurer sur le père Noël lors de ses premiers 25 décembre ou de le voir craindre les clowns lors de fêtes. Vers 5 ans, les peurs de l’enfant deviennent ancrées davantage dans la réalité, comme la crainte des catastrophes naturelles (inondation, orages, incendies …). Il ne connaît pas encore les risques que lui et sa famille ont de vivre une telle situation, il va donc avoir des craintes qui paraissent exagérées aux yeux des adultes. Pourtant, bien qu’elles semblent disproportionnées, il faut adresser ses peurs avec son enfant et reconnaître sa détresse qui est, elle, bien réelle. La peur des voleurs, d’être rejeté par ses amis ou de vivre un accident sont d’autres craintes fréquentes chez les enfants d’âge scolaire.

    Comme mentionné plus haut, ces peurs sont normales chez l’enfant et tendent à changer et diminuer, car l’enfant apprend qu’il n’existe pas de réel danger. Par contre, lorsque l’enfant ne réussit pas à fonctionner dans son quotidien parce qu’il est rongé par l’anxiété, il est bon de consulter un professionnel dans le domaine de la psychologie. Une phobie prend beaucoup plus d’ampleur qu’une peur et peut perdurer encore plus longtemps (plus de 6 mois chez l’enfant). Il peut ne pas être conscient que sa peur est exagérée par rapport au danger réel. Pas besoin que l’objet de la phobie se retrouve près de l’enfant pour qu’un épisode de détresse soit déclenché : l’anticipation d’un contact avec ce qui fait peur peut en elle-même être suffisante pour plonger l’enfant dans un état de stress intense. De plus, l’exposition au stimulus stressant cause presque toujours une réponse de stress. Le jeune va donc chercher à éviter physiquement tout stimulus dont il a peur ou anticipera ses rencontres avec celui-ci, allant jusqu’à perturber son quotidien quand le sujet de sa phobie est soulevé. Par contre, un enfant avec une phobie peut très bien fonctionner le reste du temps, quand le sujet de sa peur n’est pas présent (en réel ou dans ses pensées). Il existe différentes catégories pour classer les phobies qui sont plus fréquentes, comme celles de type animal, de type environnement naturel, de type sang/accident, de type situationnelle (peur d’une situation spécifique (avion, ascenseur, endroits clos …)) ou tout autre type de phobie.

    Chez l’enfant, la peur causée par la phobie peut se décliner de plusieurs manières qui ne sont pas toujours évidentes à détecter au premier coup d’œil. Ainsi, un enfant pourrait extérioriser son mal-être en montrant des signes de colère, en faisant beaucoup de crises, en frappant, etc. À l’inverse, un autre enfant pourrait se renfermer sur lui-même lors d’un contact avec l’objet de sa phobie, figer, chercher à minimiser le contact avec l’autre. Un autre pourrait pleurer énormément ou chercher à s’agripper à un adulte, alors qu’un enfant pourrait sembler contrôlant. Dans ce dernier cas, il s’agirait d’une stratégie utilisée par le jeune pour diminuer son stress, son système d’alerte étant épuisé. En effet, un enfant avec une phobie spécifique risque de prendre beaucoup d’énergie à anticiper les situations qui pourraient le confronter à sa phobie et à chercher à les éviter. Cette hypervigilance peut faire qu’il sera fatigué et plus facilement irritable. Chaque enfant réagit de manière unique, c’est pourquoi il faut être attentif aux différents signaux qu’il nous envoie.

    De plus, la phobie spécifique faisant partie de la grande famille des troubles anxieux, les enfants avec une phobie spécifique sont plus à risque de présenter ou de développer un autre trouble en vieillissant. Plusieurs thérapies existent pour diminuer l’ampleur ou l’impact des phobies : les thérapies cognitivo-comportementales s’attardent à travailler les schémas de pensée de l’enfant (les distorsions, sa tendance à dramatiser, à analyser en termes de tout noir ou tout blanc, sa difficulté à envisager des significations alternatives, etc.). On reconnait de plus en plus l’efficacité du modèle d’acceptation et d’engagement qui visent à réussir à accepter que des situations stressantes puissent arriver, notamment le pire des scénarios que se fait l’enfant et d’introduire un peu plus de flexibilité psychologique. Les thérapies de pleine conscience peuvent aussi être pertinentes.

    Finalement, il faut distinguer un traumatisme d’une phobie. Un enfant peut avoir une réaction qui nous semble disproportionnée, qui est récurrente et persistante. On peut prendre l’exemple d’un enfant qui semble avoir une phobie de l’eau, qui ne veut pas suivre de cours de natation et qui fait des crises chaque soir à l’heure du bain. En investiguant sur le sujet, on pourrait découvrir que ce jeune est déjà tombé tête première dans un lac et y est resté quelques instants le temps qu’un adulte aille l’aider. Dans cette situation, il s’agirait davantage d’un traumatisme que d’une phobie, puisque l’enfant a connu une situation anxiogène qui lui a donné raison d’avoir peur d’un certain stimulus. Dans un cas comme dans l’autre, la détresse de l’enfant doit être adressée et examinée afin de protéger son bien-être.

    Comment apprivoiser ce monstre?

    Recommandations pour vos interventions quotidiennes (volet parent)

    • En tant que parent, soyez le plus attentif possible aux indices qui montrent que votre enfant vit un haut niveau d’anxiété : transpiration, étourdissements, maux de tête, nausées, difficulté à se concentrer, irritabilité…
    • Quand vous apercevez ces signes chez lui, questionnez votre enfant sur comment il se sent, combien il est anxieux présentement sur 10. Cela lui permettra de prendre conscience de ses émotions et du contexte dans lequel elles se présentent.
    • Vous pouvez aussi lui demander s’il a peur que quelque chose se produise, lui demander de vous décrire sa peur. Vous pourrez donc mieux comprendre ses inquiétudes et il n’aura pas à garder en dedans ce qu’il vit.
    • N’oubliez pas de lui rappeler qu’il n’est pas en danger même s’il se sent mal, que cela va passer et que ce n’est que temporaire. C’est important de le rassurer tout en reconnaissant sa détresse.
    • C’est important de rester auprès de votre enfant quand il vit des moments de grande anxiété et de ne pas le laisser s’arranger seul. On peut parfois croire qu’il exagère et qu’il tente de nous manipuler. Par contre, en période de forte anxiété, votre enfant éprouve une détresse qui ne saura être apaisée que s’il se sent accompagné et rassuré.
    • Vous pouvez parler des peurs que vous aviez quand vous étiez petit à votre enfant et des stratégies que vous utilisiez.
    • Si le moment du coucher est propice aux peurs, vous pouvez mettre en place des rituels avant de faire dodo, comme de prendre un bain, de raconter une histoire ou de chanter une berceuse.
    • Évitez de placer votre jeune dans une situation anxiogène pour lui sans l’avoir préparé pour qu’il « confronte ses peurs ». Cette méthode peut non seulement se montrer peu efficace, mais a aussi le potentiel d’aggraver son anxiété.
    • À l’inverse, il ne faut pas non plus éviter toute situation qui pourrait engendrer une certaine anxiété. Cela pourrait renforcer l’impression qu’a votre enfant que ce qui l’inquiète est dangereux et qu’il a raison de le craindre. À chaque fois qu’il serait exposé à l’objet de sa phobie, s’il ne confronte jamais sa peur, il va avoir une réaction de stress de plus en plus forte.
    • C’est pourquoi il faut viser le juste milieu entre une exposition qui serait trop intense si le jeune n’y est pas prêt et un évitement constant du stresseur, ce qui est assez délicat. N’hésitez pas à aller chercher de l’aide pour aider votre enfant à gérer ses peurs. C’est aussi une bonne solution pour ne pas développer vous-même de l’anxiété face à l’anxiété de votre enfant.
    • Veuillez noter qu’en cas de phobies sévères, il est fortement recommandé de suivre une thérapie avec votre enfant auprès d’un professionnel qualifié en troubles anxieux. La restructuration cognitive est l’une des composantes essentielles d’une bonne thérapie pour l’anxiété. Elle consiste à modifier les pensées inadaptées et inquiétantes en les transformant en pensées adaptées et plus réconfortantes. Un deuxième élément important est le contrôle des réactions physiologiques (comme le contrôle de la respiration), qui permettront à l’enfant de mieux réagir en présence de stresseurs. Finalement, l’exposition graduelle est à prioriser; elle aide à désensibiliser tranquillement le jeune tout en respectant ses limites pour ne pas le stresser davantage. Dans la prochaine section, nous vous partageons quelques trucs à essayer au quotidien avec votre enfant, que ce soit dans l’attente d’un suivi en psychologie ou en complémentarité avec celui-ci.
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      Petits trucs pour surmonter les grosses peurs (volet enfant)

      • Rappelle-toi les moments où tu n’as pas eu peur et ceux où tu as réussi à surmonter tes peurs. Tu es très courageux!
      • Tu as du contrôle sur ce qui te fait peur. Demande à tes parents de t’aider à trouver des stratégies pour faire partir les monstres. Tu peux par exemple garder un toutou avec toi pour qu’il te protège et qu’il chasse les monstres ou chanter une chanson pour leur dire de partir. Si tu as peur du noir, tu peux aussi fermer la lumière toi-même avant d’aller te coucher.
      • Tu peux lire une histoire qui parle de ta ou tes peurs qui sont gentilles ou demander à tes parents de te la lire. Par exemple, si tu as peur des chiens, tu peux lire des livres où les chiens sont des héros.
      • Dessine tes peurs : à quoi ressemblent- elles, est-ce qu’elles portent des vêtements, de quelle couleur sont-elles? Tu peux aussi les transformer pour qu’elles deviennent drôles, comme de mettre un joli chapeau à une araignée qui porte plusieurs paires de lunettes, dessiner un avion qui a un parachute ou faire de gros nuages d’orage qui font pleuvoir des bonbons.
      • Tu peux aussi donner un nom à tes peurs et dire à tes parents quand tu te sens anxieux que ton petit monstre soit en train de te déranger.
      • Parfois, on a beaucoup peur sans qu’on soit réellement en danger. N’oublie pas de poser des questions à tes parents concernant ce qui te préoccupe. Ils n’ont pas toujours toutes les réponses, mais ils peuvent les chercher avec toi!
      • Finalement, donne-toi des défis pour surmonter tes peurs. Pense à comment tu seras fier de toi quand tu réussiras chaque étape.

      Quelles sont les forces de ce monstre?

      Les enfants qui ont une ou des phobies sont très prévoyants, qualité rare chez les jeunes. Ce précieux atout permet à l’enfant d’anticiper les défis qu’il aura à relever au cours de sa journée et à y être préparé. De plus, devoir chaque jour faire des efforts pour réussir à fonctionner le plus normalement possible est un signe d’une grande persévérance chez ces enfants. Ils sont aussi très courageux de combattre leurs peurs petit à petit avec tous les efforts que cela leur demande. Ce sont souvent des enfants à l’imagination débordante qui ont plein d’idées d’histoires et de projets à réaliser.

      Forces en mots-clés

      • Prévoyant
      • Persévérant
      • Courageux
      • Imaginatif

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