Trouble de l’attachement type inhibé
Vous vous retrouvez maintenant au beau milieu d’une cour d’école, entouré d’élèves du même âge que votre enfant. Ceux-ci ne semblent pas remarquer votre différence d’âge, y compris les surveillants qui n’en font aucun cas. Ceux-ci sont plus jeunes que vous, ça vous fait étrange…
C’est la classe d’art plastique et vous êtes en train d’assembler une sculpture en pâte à modeler. Vous êtes en train de contempler votre œuvre lorsque vous remarquez dans le coin de votre champ de vision, un petit drapeau qui dépasse d’entre les bureaux. Sur l’étendard, vous voyez le dessin d’un cœur brisé. Vous vous penchez pour voir qui peut bien porter cette étrange bannière et c’est là que vous apercevez ce qui semble être un tout petit chevalier, armuré, de la tête aux pieds, si bien qu’on peine à voir son visage. Le soldat miniature semble monter la garde. Pour qui? Contre quoi? Vous l’ignorez.
Un camarade se tourne vers votre bureau et pousse un « Wooooow » d’admiration en voyant votre sculpture. Comme vous êtes assez fier, ce compliment vous fait chaud au cœur. Presque immédiatement, vous entendez le grincement du métal – le petit chevalier vient se placer entre vous et votre camarade, vous bloquant la vue avec le drapeau. Se faisant, un doute s’introduit dans votre esprit : et si votre camarade n’était pas sincère? Si ce compliment était en fait une moquerie? En y pensant bien, c’est évident, sa réaction était beaucoup trop exagérée! Il doit se moquer de vous!
Ni une ni deux, vous cassez votre sculpture, juste pour lui montrer que vous ne jouerez pas à son petit jeu. Votre camarade est stupéfait, il ne comprend pas pourquoi vous posez un tel geste…. En voyant son air déstabilisé, vous réalisez que vous avez peut être fait une erreur. Vous venez de détruire en quelques secondes, plus de 30 minutes d’effort pour rien du tout. Vous sentez des larmes couler sur vos joues. Ceci attire l’attention de l’enseignante.
Celle-ci s’approche de vous en vous demandant ce qui ne va pas. Elle parait réellement préoccupée et vous avez envie de lui dire que vous avez fait une terrible erreur. À nouveau, le petit chevalier vient se placer entre vous et l’enseignante. Toute envie de communiquer avec elle se voit neutralisée, comme bloquée par une plaque de métal. Vous répondez plutôt que votre sculpture n’était pas assez belle et que vous ne l’aimiez pas. L’enseignante tente de vous consoler en vous disant qu’elle trouvait votre travail très bien réussi… mais son ton de voix vous irrite, vous n’êtes pas tout à fait convaincu… il vous semble qu’il y avait un petit froncement de sourcil et une petite lumière dans son œil qui n’allait pas dans le même sens que ses propos. Vous redoublez vos défenses et lui répondez que vous n’aimez pas cette activité comme tout ce qui concerne l’art plastique d’ailleurs! Nul, nul et re-nul encore!
L’enseignante a un mouvement de recul. Ni elle, ni votre camarade ne comprend pourquoi une activité qui allait si bien vient de se transformer en catastrophe. Ni vous d’ailleurs! Mais en regardant votre sculpture brisée, vous réalisez que vous sentez maintenant sur vos épaules une charge bien trop lourde pour vous, le poids de l’armure de votre petit compagnon qui semble bloquer toute tentative de vous approcher, d’être en contact avec vous. En plus de la lourdeur du métal, le poids de la solitude vous semble encore plus grand.