Trouble d’anxiété de séparation
Vous vous retrouvez maintenant au beau milieu d’une cour d’école, entouré d’élèves du même âge que votre enfant. Ceux-ci ne semblent pas remarquer votre différence d’âge, y compris les surveillants qui n’en font aucun cas. Ceux-ci sont plus jeunes que vous, ça vous fait étrange…
Soudain, la cloche se fait entendre. Tous les autres étudiants se rassemblent vers la porte d’entrée. C’est la rentrée et vous sentez bien la fébrilité qui caractérise ces premières journées de classe! Vous apercevez au loin votre mère, une vision encore plus insolite que celle de votre présence dans cette cour d’école… Vous pouvez l’entendre vous dire : « vas-y… tu es capable, va rejoindre tes amis! ». Vous avez l’impression de vous retrouver bien des décennies en arrière, alors que vous vous apprêtiez à débuter votre passage chez les grands de maternelle! Voyant votre stupéfaction, elle vous encourage encore davantage à aller de l’avant!
C’est alors que vous ressentez une lourdeur dans votre jambe, une douleur aigue même! En baissant les yeux, vous remarquez un petit être, aux allures d’un koala au dos épineux, solidement accroché à vos mollets. Le pauvre animal semble terrifié. Les surveillants, votre mère ainsi que les autres élèves ne le remarquent pourtant pas. En fait, ces derniers sont davantage préoccupés par votre immobilité…
« Qu’est-ce qui se passe? La cloche a sonné. Il faut entrer! » Dit l’un des surveillants.
Vous tentez un pas vers l’avant mais immédiatement, le koala sert encore plus fort et devient aussi lourd qu’une enclume! Il vous est impossible de bouger… ne serait-ce que le petit orteil. Vous détournez le regard vers votre mère qui continue à vous inciter à obéir aux adultes et à avancer pour rejoindre le groupe… Vous souhaitez vraiment lui expliquer ce qui se passe… mais il vous est impossible de vous justifier, votre gorge apparaissant bloquée par une boule aussi grosse qu’un globe terrestre! Malgré la frénésie et le brouhaha du moment, vous sentez pourtant que le petit animal semble relâcher quelque peu sa prise… comme si la présence apaisante de votre parent et ses yeux remplis de tendresse parvenaient à le rassurer! Plus vous soutenez son regard et plus votre jambe retrouve ses forces et sa mobilité.
« Viens, tu vas être en retard. » Le surveillant tente de vous amener par la main, mais la retire aussitôt. « Quoi, tu m’as-tu mordu ?! »
Vous regardez votre main, qui est elle aussi couverte d’épines semblables à celle qui recouvre le dos de votre compagnon. Cette tentative de vous faire bouger semble avoir exacerbé son agressivité. Celui-ci resserre de plus belle sa prise. Vous ouvrez la bouche pour vous expliquer, mais tout ce que vous parvenez dorénavant à faire est de crier « Lâchez-moi! Je ne veux pas! Laissez-moi tranquille! Non! Non! Non! ». Le surveillant s’impatiente. Vous apercevez au loin, votre parent maintenant déboussolé, gêné… qui semble même avoir honte et qui vous « gesticule » dans tous les sens d’avancer dès maintenant.
La petite bête à vos pieds s’obstine et refuse de vous relâcher. Sa prise est de plus en plus serrée! Le simple fait de ne plus vous voir croiser le regard de votre parent semble la faire s’agripper davantage. Rapidement, vous réalisez que vous êtes couverts d’épines et que personne n’arrivera à vous approcher et vous faire bouger! Vous fondez en larmes, incapable d’exprimer l’intensité de votre impuissance et de votre désarroi.